MA PRISE DE CONSCIENCE

Si on avait pu faire un focus sur notre bourgade de la région parisienne et observer notre vie de l’époque, il n’aurait pas été compliqué de la comparer à celle tant connue de Wisteria Lane (en moins huppée). Nous avions alors une vie bien rangée. Une vie qui correspondait exactement à celle que ma femme et moi avions voulu avoir lors de notre rencontre en terminale. Nous nous sommes mariés dès que nous en avons eu le budget. Puis nous avons acheté notre maison avec un jardin et eu nos enfants. Même le gros chien était là ! Ainsi, tout ce qui avait été écrit pendant nos heures de perm avait trouvé une réalité.

Une petite vie citadine bien rangée en zone pavillonnaire

Ma semaine était bien remplie du lundi au vendredi par le travail. Mon épouse, de son côté, s’est pleinement occupée de l’instruction en famille quand notre aîné a eu 3 ans. On a passé, pendant quelques années, toutes nos soirées à créer du matériels Montessori. Nous voulions apporter à nos loulous tout ce que la pédagogie Montessori pouvait leur offrir. Des semaines de folie avec des horaires incroyables, on passait notre temps à créer, découper, imprimer, cartonner, plastifier, …

Le week-end arrivant, nous en profitions pour nous accorder une pause dans cette course effrénée en prenant un bon bol d’air dans les magasins. Nos promenades commerciales se transformaient inévitablement par des dépenses, et encore des dépenses. Nous dépensions dans un peu tous les domaines qu’il est possible d’imaginer (vêtements, livres, beaucoup de livres, jeux, maison, jardin, …). Le tout était ponctué, aussi bien la semaine que le week-end, par des différents restaurants (Mc Do, chinois, japonais, Subway, …).

Notre addiction du week-end

Nous cherchions la moindre occasion pour faire ces sorties de manière à pouvoir nous évader de nos semaines en apnée. Alors quand les achats compulsifs étaient terminés ou que le portefeuille se faisait court, on se mettait à rêver de nos futures vacances ou on se mettait en quête de nouveaux besoins qui nous entrainaient inexorablement dans les magasins le week-end suivant. Nos wishlists ne cessaient de s’allonger et cette quête d’en posséder toujours plus nous amenait à penser que nous serions plus heureux semaine après semaine après nos achats.

La société de consommation dans laquelle nous vivons avait pris le pouvoir sur nous. Cette quête insatiable n’était en fait qu’une course sans fin et vide de sens. Nous avions mordu à l’hameçon, le leurre avait été des plus efficaces avec nous.

Qu’est-ce qui a mis fin à cette course à l’achat et à ce rythme de fou dans lequel nous étions tombés ?

Partant à la dérive, je vivais dans mon coin pour soi-disant faire ce que je voulais, ma liberté était mon bonheur. Je me suis mis à faire du sport en salle (crossfit, escalade en block) et à partir faire du VTT. Le midi je ne parlais plus avec mon épouse, je regardais des films sur le téléphone, je mangeais avec des collègues. En gros, je me suis mis dans ma bulle au détriment des membres de ma famille.

Mon épouse de son côté est tombée en burn-out en pleines vacances d’été en Auvergne. Nous avions loué un chalet au bord d’un lac au milieu des arbres pour la première fois de notre vie. Et là, crac, elle est tombée malade. Impossible pour elle de profiter de l’extérieur, de se sentir bien. Elle était clouée au lit avec de a fièvre en plein été. Inquiets, nous sommes allés consulter un médecin qui ne pouvant rien nous a envoyé à l’hôpital. Après une série d’examens, le médecin de service a été catégorique : « vous n’êtes pas malade physiquement, c’est psychologique ».

Alors pourquoi tout ça ? Le médecin nous a aidé à comprendre que le relâchement dans cet environnement était tel que son corps ne le supportait pas. Elle relâchait tellement la pression que son corps s’est mis en état d’alerte. Ce fût un choc pour nous de constater qu’il avait raison et que notre course était totalement vide de sens et allait causer notre perte.

A ça venait s’ajouter le comportement de notre Minilou. C’était une véritable éponge émotionnelle, ses parents allaient mal, il allait mal. Il enchaînait les crises de plus en plus difficiles à gérer. Les seuls moments de repos que nous avions étaient ceux que nous faisions en nature et ceux qu’on lui accordait en toute autonomie dans le jardin. Dans ces moments-là, il ouvrait les vannes et se remplissait de toute l’énergie que l’air pur et son environnement naturel lui procuraient. L’espace d’un instant le calme revenait et dès que la tempête faisait rage, la course reprenait et il rechutait.

Malheureusement comme beaucoup de monde, il a fallu attendre de tomber, de se faire mal, pour avoir cet électrochoc.

Recommencer sur de nouvelles bases

Comment repartir, se relever et faire mieux après ce constat ?

Nous ne pouvions pas rester sans rien faire. Il nous a fallu quelques séances chez le psy pour toute la famille afin de dégrossir tout ça et finalement apprendre à mieux nous connaître et pouvoir enfin dire STOP ! Il fallait se réorganiser, faire peau neuve. Nous avons donc revu :

  • notre aménagement intérieur (rangement, tri, …) ;
  • mes priorités professionnelles :
    • en me rapprochant de la maison même si j’en suis encore trop loin aujourd’hui ;
    • en ne courant plus après la réussite professionnelle ou après l’argent, je fais ce que j’ai à faire et je le fais bien mais pas de surplus puisque de toute façon la récompense n’est jamais à la hauteur de ce qu’on peut attendre ;
  • mes loisirs en mettant fin aux abonnements aux salles de sport qui me prenaient du temps sur notre temps en famille ;
  • l’organisation de nos week-end en rachetant le temps que nous passions dans les magasins par des sorties nature aussi souvent que nous le pouvons.
Faire le ménage chez soi pour faire le ménage en soi

Nous avons racheter le temps en mettant fin à nos déplacements hebdomadaires dans les centres commerciaux.

Mais la démarche ne devait pas s’arrêter là semble-t-il et notre véritable prise de conscience s’est faite par la suite avec la rencontre de différents médecins. Des médecins qui voient autrement les choses en cherchant non pas à traiter les symptômes mais plutôt leurs origines. Nous avons eu la chance d’être orientés vers une ostéopathe, une podologue et une psychologue qui nous ont aidé à comprendre que nous devions revenir à nos premiers amours, ceux enfouis dans nos tendres années jeunesses.

Nous nous étions tout simplement perdus dans notre mode de vie urbain qui ne nous correspondait pas ou plus. Nous étions devenus des robots suivant le cadencement de la région parisienne. Courir, courir et encore courir…

Vous savez, celui qui change au contact de la foule comme le fait un caméléon en adaptant sa marche à celles des autres ? Cela faisait des années que ce rythme était devenu le mien, le nôtre. Nos choix n’étaient donc plus les bons, nous les subissions. Les effets étaient malheureusement visibles sur toute la famille ; nous devions agir, nous devions réagir.

Courir, courir et encore courir, …

Notre démarche était bonne mais pas suffisamment complète, il nous fallait encore davantage réfléchir à qui nous étions, faire abstraction du reste, du qui on voudrait être ou du qui on devrait être. De là, nous devions mener une introspection profonde sur chacun d’entre nous, mon épouse et moi. C’est loin d’être facile surtout quand on est dans un moule cabossé depuis des années voire des dizaines d’années.

MON INTROSPECTION

DANS MON ENFANCE

Lorsque j’ai fait cette introspection, je me suis projeté dans les différents lieux de vie que j’ai fréquenté dans ma jeunesse. Nous déménagions souvent avec mes parents pour le métier de mon père avec un passage à la campagne et plusieurs autres en plein centre-ville. Nous logions toujours dans des logements de fonction. Les points communs entre chacune de ces époques de mon passé sont que :

  • j’ai toujours construit des cabanes même quand j’étais en appartement. Un des appartements avait d’ailleurs une grande cour avec un jardin dans lequel il y avait un énorme sapin, idéal pour la grimpe, alors j’y ai fait une cabane. Je me souviens utiliser les ardoises que les ouvriers laissaient au sol pour faire mon propre toit de cabane. C’était une chouette aventure ;
  • je prenais mon vélo pour parcourir la campagne ou le peu de bois urbain qu’il y avait. J’aimais foncer dans la ville dans les grandes descentes aux heures creuses pour ressentir le grand frisson provoqué par la vitesse ;
  • j’ai quitté les dojos pour pratiquer l’aviron. Se retrouver au milieu de l’eau et entouré de végétation, c’était énorme, tellement dépaysant ;
  • je partais en vacances avec mes grands-parents et les moments-clés étaient les parties de pêche avec mon grand-père ou les moments passés au club ado au bord de l’eau ou en soirée outdoor pendant lesquelles je passais mon temps à admirer les étoiles.
Faire des cabanes

EN TANT QUE JEUNE ADULTE

J’ai poursuivi ainsi mon introspection pour voir les moments que j’appréciais le plus dans ma vie lorsque mon épouse a rejoint ma vie à mes 18 ans. Je me suis rendu compte que seuls les moments où nous sommes à deux ont une réelle importance à mes yeux. Le must était quand nous partions en vacances. Nous étions au départ tous les deux et plus tard 3, puis 4, puis 5, puis 6, et bientôt, 7. Mais nous étions toujours ensembles.

Elle m’a fait découvrir la mer et la pêche à pied. Puis, mon appétit pour les activités outdoor m’a orienté vers la pêche sous-marine et la pêche en bord de mer. Aujourd’hui je me laisserai bien tenter par la nage sportive en eau vive, le paddle et le kayak de mer. Eh oui, j’ai la bougeotte mais une bougeotte que je veux partager en famille et non plus seul.

Quelques années plus tard, je me suis retrouvé à animer un groupe d’enfants scouts âgés de 6 à 8 ans. Par la suite, je suis devenu responsable du groupe scouts de ma ville pour des jeunes de 6 ans à 21 ans. Faire rêver les enfants et les faire sortir étaient un vrai plaisir !

Lorsqu’on fait cette introspection, de nombreuses émotions remontent. Le plus difficile est de parvenir à accepter les mauvaises choses du passé et d’avencer pour passer à la suite. Mon objectif était de trouver tout ce qui faisait remonter en moi de bons sentiments et qui pouvaient même générer en moi une sorte d’excitation sur l’instant de vouloir revivre tout ça.

EN CONCLUSION

Penser sa vie autrement

Le verdict est sans appel !

Qu’est-ce que je veux vraiment  aujourd’hui ? Profiter des miens au maximum. Apprendre toujours plus de choses sur le monde naturel qui nous entoure pour continuer de m’émerveiller.

Où est-ce que je me sens bien ? Dans la nature évidement ! Entouré de grands espaces, du grand air avec des milliers choses à faire.

A quoi j’aimerais passer mes journées ?

  • A faire rêver mes enfants, à les voir s’émerveiller.
  • A voir le visage resplendissant de mon épouse en train de faire toutes les choses qu’elle aime en pleine nature.
  • A prendre le temps de vivre, respirer, observer mais aussi bivouaquer, randonner, courir, …
  • Et bien sûr, faire rêver les autres en partageant à mon tour les clés qui m’ont permis de retrouver une vie qui a du sens.

Quel travail m’épanouirait-il ? La réponse a déjà été donnée avec la question précédente, je voudrais pouvoir vivre de mes passions.

Où aimerais-je habiter ? Nous faisons le constat aujourd’hui que l’environnement de notre ville change et devient de moins en moins sûr. Il devient aussi de plus en plus urbain. En 17 ans, nous avons vu les espaces verts disparaître autour de notre résidence pour laisser la place à des centres commerciaux ou à des immeubles. Tout ça a ramené toujours plus de trafic dans les environs. Par conséquent, les routes et autoroutes sont de plus en plus chargées et à n’importe quel moment de la journée. Une sortie à 10 min de chez soi peut se transformer en un retour de 30 min à cause des bouchons ou des accidents.

Un quotidien dont on se passerait volontiers !

Nous ne voulons plus de ça. Alors je répondrais : loin des villes, devenir rat des champs plutôt que rat des villes. A ce jour, la montagne m’attire, elle nous attire, alors à voir ce qu’il en adviendra.

Qu’est-ce que je veux pour mes enfants ?

Je souhaite, nous souhaitons, que nos enfants puissent trouver leur voie, une voie qui aie du sens pour eux, une voie où ils pourront s’épanouir et vivre dans un lieu ressourçant, le moins stressant possible.

Alors plutôt que de leur servir de beaux discours, nous voulons être un exemple pour eux. Et pour y parvenir, nous devons agir, nous allons alors essayer de tout mettre en œuvre pour atteindre notre objectif :

Déménager dans la nature, avoir une vie qui a du sens et faire ce que l’on aime !

MES OBSTACLES

Qu’est-ce qui nous empêche aujourd’hui de tout plaquer pour partir vivre ailleurs et de vivre d’autres choses ?

On a bien compris que ce n’était pas l’accumulation de biens ou la destination d’un voyage de rêve qui méritait de se dépenser au quotidien dans des activités qui n’amènent rien d’autres que du stress. Tout cela pour des instants de bonheur éphémères.

Depuis le début de notre histoire d’amour, j’ai toujours mis des freins à mon épouse pour commencer notre grand projet familial. Dès 2002, nous aurions pu avoir un enfant si je l’avais suivie mais je ne voulais pas et ne pouvais pas avoir un enfant dans un appartement de 18m². Je voulais plus grand. Alors on a attendu !

Un an après, nous avons déménagé dans un autre appartement à 30 min au sud-est de Paris. On avait, si mes souvenirs sont exacts environ 70 m² et deux chambres. Je peux vous dire que la demande de maternité n’a pas pris beaucoup de temps avant de se faire entendre. Mais il fallait qu’on se marie avant d’avoir des enfants et je n’étais toujours pas très fan de faire un enfant dans un appartement. Mon expérience personnelle faisait ma réticence.

Alors nous avons à nouveau déménagé pour notre maison actuelle avec jardin et 4 chambres à 30 min au nord-ouest de Paris cette fois. Notre grande famille a alors pu commencer à voir le jour.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour vous montrer que je suis quelqu’un qui est très loin de tout plaquer comme ça sans crier gare. Il me faut des conditions optimales pour le changement. Je vous rassure tout de suite, je ne suis pas comme ça pour les petits cas du quotidien. Je parle ici de grands changements pour lesquels je suis donc raisonnable comme bonhomme. Je ne veux pas regretter mes choix plus tard et encore moins prendre des risques inconsidérés compte tenu de la taille de ma famille.

Actuellement, la maison n’est pas vendable en l’état car nous avons des travaux à faire et un prêt à rembourser. La vendre en l’état reviendrait à avoir une moins-value trop forte sur la vente de la maison et donc de perdre de l’argent par rapport au potentiel qu’elle représente. Il nous faut ensuite rembourser le prêt à la banque et partir. Mais si le budget de vente est moindre, notre futur chez nous le sera aussi.

Je veux donc pouvoir assurer une certaine stabilité financière à tout le monde, juste avec de quoi vivre. Je veux pouvoir nous loger, nous vêtir, nous nourrir. Il va donc falloir être stratégique pour parvenir à nos fins.

Prévoyant !

Mais bien sûr, il n’y aura aucun changement si je reste spectateur de ma vie. Voilà le pourquoi de cette fabuleuse aventure des Enfants de la Nature qui commence ici et maintenant !

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